13.05.2008 – Le Parisien

« Si cette charte est vide, je le dirai »

Propos recueillis par Daniel Pestel

 
JEAN-PIERRE ENJALBERT, président du Collectif santé nuisances aériennesJEAN-PIERRE ENJALBERT, maire de Saint-Prix et surtout président fondateur du Collectif santé nuisances  aériennes, passe son grand oral cet après-midi à Paris devant le Conseil économique et social. Il est  missionné dans le cadre de l’élaboration de la charte de développement durable de Roissy.

 Dans quel état d’esprit allez-vous à cette audition ?
 Jean-Pierre Enjalbert:
 « Je suis heureux de voir que l’on n’a pas oublié Roissy en pensant à élaborer cette charte, après le Grenelle de  l’environnement. Pour autant, je suis sceptique ». Notamment parce que le conseil économique n’émet qu’un avis consultatif et parce qu’en matière de lutte contre les nuisances aériennes, il y a eu jusqu’à présent beaucoup de promesses non tenues. Il faut par exemple se souvenir de l’engagement du ministre des Transports Jean-Claude Gayssot qui, en 1997, avait plafonné le nombre annuel de passagers à 55 millions. On en est aujourd’hui à 60 millions ! Si cette charte est vide d’engagement, je le dirai !  

Pourquoi êtes-vous consulté ?
Avec les membres du Collectif santé, en 2003 nous avons comparé le sommeil d’une population subissant le bruit des avions avec une autre dormant sans bruit. Nous avons édité une étude : «Effet des nuisances aériennes sur la scolarité et la santé des enfants », disponible à la mairie de Saint-Prix (www.saintprix.fr). Je pense que tout cela présente un intérêt dans l’élaboration de la charte.

Qu’allez-vous demander ?
L’arrêt pur et simple des vols de nuit. Roissy est l’un des aéroports où il y a le plus de vols entre 22 heures et 5 heures du matin. On en dénombre 162.

Sur quoi allez-vous insister ?
Un sommeil paisible nécessite moins de 40 dB, or, fenêtres fermées dans une habitation bien isolée on les dépasse, pour atteindre même 75 dBA, fenêtres ouvertes en été. J’évoquerai aussi la pollution atmosphérique des avions à moins de 1 000 m d’altitude, qui équivaut pour 400 000 riverains d’une centaine de communes du Val-d’Oise, de Seine-Saint-Denis et de Seine-et-Marne concernés à la pollution d’un périphérique et demi.

Enfin, je rappellerai les résultats d’une étude portant sur 128 écoliers de 9 ans, à proximité de l’aéroport d’Heathrow en Angleterre. Ils avaient six mois de retard de leur niveau de lecture.

Cette entrée a été publiée dans Actualités. Taggée le lien en favori.