M. Fillon veut développer Roissy alors que la Région défend le principe d’un « couvre-feu »

12.06.2008 – Le Monde

ÎLE-DE-FRANCE PROJET DE SCHÉMA DIRECTEUR DE LA RÉGION

M. Fillon reproche à M. Huchon un manque d’ambition économique

APRÈS Nicolas Sarkozy, François Fillon confirme la volonté de l’Etat de reprendre en main le destin de l’Ile-de-France. Une semaine après que le président a convié à l’Elysée une pléiade d’architectes pour leur confier la mission de dessiner le Grand Paris, le premier ministre a adressé, mardi 10 juin, une lettre au président socialiste de la région, Jean-Paul Huchon, dans laquelle il lui reproche de porter  » une vision d’une région urbaine en recul, en repli, qui n’est pas celle d’une métropole du plein emploi « . Dans ce courrier, que Le Monde s’est procuré, M. Fillon déplore le manque d' » ambition  » du projet de schéma directeur de l’Ile-de-France (SDRIF) élaboré par la région.

 » Le gouvernement n’envisage pas d’approuver le document dans sa version actuelle « , indique le premier ministre.

Son refus se justifie, à ses yeux, par le  » modeste objectif  » de croissance annuelle  » de 2 %  » prévu par le SDRIF et la  » perspective  » de création  » de 28 000 emplois  » par an. Le premier ministre rappelle que la croissance francilienne était de 2,4 % entre 1995 et 2002 et que  » depuis plusieurs années, l’Ile-de-France enregistre entre 40 000 et 70 000 emplois nouveaux annuels « .

Faisant état de  » divergences  » portant notamment sur l’aéroport de Roissy, que M. Sarkozy veut développer alors que la Région défend le principe d’un  » couvre feu  » la nuit, M. Fillon rappelle à M. Huchon qu’il appartiendra désormais à Christian Blanc, secrétaire d’Etat au développement de la région capitale,  » d’élaborer pour la région parisienne une vision fondée sur une ambition beaucoup plus forte en matière de développement économique « . La Région ne sera donc plus pilote en matière d’aménagement : le premier ministre indique qu’elle sera associée à un  » travail partenarial  » mené par M. Blanc. M. Fillon conteste aussi  » les orientations très contraignantes  » pour les communes du Sdrif en matière de logement.

Le courrier du premier ministre est parvenu à M. Huchon alors que ce dernier espérait recevoir, mercredi, un  » avis favorable  » de la commission d’enquête publique appelée à se prononcer sur la copie régionale avant sa rédaction définitive.

Béatrice Jérôme


La position de l’ADVOCNAR :

Vous pourrez prendre connaissance de la réaction de l’association par rapport au courrier de M. Fillon à M. Huchon en lisant notre lettre ouverte à M. François Fillon .
Notre courrier a été diffusé pour information auprès de nos correspondants de la Presse .


Ci-dessous, un élu réagit :

19.06.2008 – Le Parisien

Aéroport de Roissy Nuisances aériennes : fronde des élus contre Fillon

par Marie Poussel
_content-230_154_avion-article-le-Parisien«FRANÇOIS FILLON méprise les habitants de Gonesse et de l’est du Val-d’Oise… » C’est le cri du coeur de Jean-Pierre Blazy, le maire socialiste de Gonesse après une déclaration du Premier ministre datant de la semaine dernière. Au milieu d’une lettre fleuve envoyée le 10 juin à Jean-Paul Huchon, le président PS du conseil régional, une phrase a mis le feu aux poudres. Dans ce courrier évoquant les dernières esquisses du Sdrif (schéma directeur régional d’Ile-de-France), François Fillon se prononce contre l’idée d’un couvre-feu total sur les vols de nuit et le plafonnement des mouvements aériens. Pour Jean-Pierre Blazy, cette prise de position va à l’encontre de la lettre-mission du président de la République qui a créé une commission chargée d’étudier le développement durable autour de Roissy.

« Une fois n’est pas coutume, j’étais d’accord avec Nicolas Sarkozy qui avait chargé Jacques Dermagne, le président du Conseil économique et social, d’élaborer une charte de développement durable. Il y avait écrit que la croissance du trafic aérien, le développement économique et urbain autour de l’aéroport et l’amélioration de la qualité de vie des riverains ne sont pas antinomiques. Sans réduire les vols de nuits, les améliorations environnementales sont impossibles. Le Premier ministre ferme complètement le débat. Il est hostile à toute avancée sur les questions essentielles. Aujourd’hui, je suis là pour tirer la sonnette d’alarme. » Plus étonnant : le conseiller régional UMP Jean Bardet, député de la 3 e circonscription (Taverny-Herblay), abonde dans le même sens. « Le principe de couvre-feu est une nécessité environnementale et de santé publique, ainsi que le plafonnement des mouvements aériens. Je continuerai à me battre pour que ces deux points soient respectés », insiste l’élu UMP dans un communiqué.

Si, pour l’instant, la mobilisation se fait discrète et plutôt du côté des élus, les antibruit analysent la période actuelle comme « un calme avant la tempête ». Jean-Pierre Blazy promet un mouvement plus important à la rentrée lorsque la commission rendra son rapport. « De larges rassemblements » devraient naître dans le Val-d’Oise, le département le plus touché par les nuisances sonores, mais qui pourraient s’étendre à d’autres départements.

 

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