encore trop de vols de nuit

05.02.2009 – Le Journal du Dimanche

A Roissy, la charte de développement durable bat de l’aile. Les associations jugent « timides » les conclusions du rapport rédigé par le président du conseil économique et social, Jacques Dermagne. « Quand on parle de développement durable, les nuisances doivent être à la baisse, pas l’inverse », note Patric Kruissel, président de l’Association de défense contre les nuisances aériennes.
Autour de Paris, les nuisances sonores sont importantes. (Reuters)

En juin 2007, le président Sarkozy lançait l’idée d’une charte de développement durable pour l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle traduisant les conclusions du Grenelle de l’environnement. Chargé de rédiger un rapport, future base de cette charte, le président du conseil économique et social, Jacques Dermagne, a rendu ses conclusions: 35 propositions regroupées en 12 objectifs (environnement, santé, économie, transports alternatifs…). Ce rapport est jugé timide par les associations. Alain Peri, vice-président de l’Advocnar (Association de défense contre les nuisances aériennes), parle d’un « coup d’épée dans l’eau ».

La grogne tourne notamment autour des vols de nuit. Pour les limiter, le rapport propose des « contrats de développement durable » passés avec les compagnies aériennes. Les associations veulent plus : interdire les vols de nuit, comme à Orly, de 22 heures et 6 heures. « Nous demandons qu’un couvre-feu soit instauré par étapes. Or, nous constatons une hausse du trafic de nuit », déclare Patric Kruissel, président d’Advocnar. Certes, entre minuit et 5 heures, le nombre de mouvements est en baisse depuis 2007 (19 000 mouvements par an). Mais, globalement, entre 22 heures et 6 heures, les mouvements sont à la hausse: 56 000 en 2001, 61 000 aujourd’hui. « Les compagnies aériennes concentrent les mouvements avant minuit et après 5 heures. Quand on parle de développement durable, les nuisances doivent être à la baisse, pas l’inverse », ajoute Patric Kruissel. Il rappelle que la définition de la nuit donnée par l’OMS, c’est 8 heures consécutives de tranquillité…

Interdire les vols de nuit, de 22 heures et 6 heures

De son côté, Ville et Aéroport, association présidée par le maire (PS) de Gonesse (Val-d’Oise), Jean-Pierre Blazy, estime que, en l’état, le rapport Dermagne ne peut constituer la base de la future charte de développement durable de Roissy-CdG. Pour financer en cinq ans l’insonorisation des 50 000 logements concernés par le plan de gêne sonore de Roissy, Ville et Aéroport suggère une nouvelle assiette de la taxe sur les nuisances sonores aériennes: 1 euros par passager, 5 euros par tonne de fret transportée. L’association demande aussi l’instauration d’un couvre-feu immédiat entre minuit et 5 heures, assorti d’une décroissance progressive du trafic avant et après ce laps de temps. Autre remède de cheval: plafonner le trafic passagers et fret sur la base d’un nombre de mouvements annuels comme à Orly*. Autre idée : concevoir de façon volontariste des aéroports dédiés aux vols de nuit pour le fret et les vols charters comme Vatry (Marne).

Mais la plate-forme de Roissy représente 85 000 emplois, dont 32 000 liés aux vols de nuit. D’où la difficulté. Il faut donc une volonté politique pour sortir de l’ornière. Il y a urgence: certaines prévisions font état de 120 à 130 millions de passagers en 2020-2025 (60 millions actuellement). Le Président voulait cette charte pour le 30 septembre 2008. Il devra encore attendre. Les riverains aussi.

Par Hervé GUENOT
* Actuellement, le plafond est fixé à 250 000 créneaux à Orly. Le trafic est de l’ordre de 543 000 mouvements à Roissy.

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