revue de presse

22.06.2011 – Le Parisien

Faut-il délocaliser l’aéroport d’Orly?

28.06.2011 – Métrofrance

Des élus veulent délocaliser Orly

30.06.2011 – Vonews

Délocalisation de l’aéroport d’Orly: quelles conséquences pour Roissy CDG?

15.07.2011 – Le Parisien

La Ministe se penche sur l’avenir de l’aéroport

27.07.2011 – Les Echos

Pour un nouvel aéroport parisien

04.10.2011 – La Tribune

Faut-il fermer l’aéroport d’Orly?


Voir la position de l’ADVOCNAR
concernant la proposition de loi et la commission sur l’avenir d’Orly


22.06.2011 – Le Parisien

Faut-il délocaliser l’aéroport d’Orly?

Une proposition de loi signée notamment par trois députés UMP essonniens évoque le déménagement d’Orly.

Une « faute économique », estiment de nombreux élus.

Par Florence Méréo

Fermer l’aéroport situé à cheval entre l’Essonne et le Val-de-Marne pour le réinstaller ailleurs : une proposition très mal accueillie par le président PS du conseil général de l’Essonne, Jérôme Guedj.
Qu’on coupe les ailes à « son » aéroport, il ne l’imagine pas une seule seconde. « Orly, c’est en Essonne. C’est de l’emploi pour des milliers d’Essonniens. Si cette proposition de loi est un ballon d’essai, nous, on va faire un sérieux tacle d’essai », prévient Jérôme Guedj, le président PS du conseil général de l’Essonne.

La proposition de loi, c’est celle du député UMP de Villeneuve-le-Roi (Val-de-Marne), relative à la « desserte aérienne du Grand Paris » et dans laquelle Didier Gonzales propose la « délocalisation des plates-formes les plus insérées dans un tissu urbain dense comme celle d’Orly ». En bref, fermer l’aéroport situé à cheval entre l’Essonne et le Val-de-Marne pour le réinstaller ailleurs. La proposition est portée par 60 députés dont trois Essonniens UMP : Françoise Briand (Viry), Pierre Lasbordes (Gif-sur-Yvette) et Guy Malherbe (Epinay-sur-Orge). Ce dernier étant le remplaçant à l’Assemblée de la ministre Nathalie Kosciusko-Morizet. « Que Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre des Transports, laisse son suppléant signer la délocalisation d’Orly, c’est un double langage dangereux pour les transports en Ile-de-France », lance Francis Chouat, premier vice-président PS du département.

« Un aéroport qui va mal »

« Nous ne nous sommes pas concertés avec la ministre, c’est une initiative personnelle », répond le député, tentant de relativiser la portée de la proposition de loi : « Je suis absolument contre la délocalisation d’Orly. Mais c’est une façon pour moi de provoquer un débat plus large sur les nuisances liées à l’aéroport. Il faut que chacun puisse trouver des solutions pour contrer la pollution de l’aéroport », explique l’élu. Pourtant, Didier Gonzales l’affirme : « La proposition est très sérieuse. Orly ne pourra pas absorber la multiplication du trafic. C’est un aéroport qui va mal. Orly compte 17 emplois à l’hectare quand la zone industrielle de Courtabœuf, aux Ulis, en a 56 et La Défense 1000… »

Un point de vue que ne partage pas Thierry Mandon, maire PS de Ris et ex-patron de l’agence pour l’économie en Essonne : « Fermer Orly serait une faute économique grave. Non seulement ça menace 10000 emplois, mais c’est dire aux investisseurs : Allez voir ailleurs, alors qu’on se bat pour avoir des opérateurs publics et privés avec le cœur d’Orly (NDLR : quartier d’affaires d’envergure internationale). » Plusieurs gros projets de transports (gare TGV, prolongation du métro, tramway…) sont actuellement dans les tuyaux. L’élu affirme qu’il faut néanmoins continuer les efforts et maintenir le couvre-feu de 23 heures à 6 heures pour réduire les nuisances.

Mais à quoi pourrait ressembler l’Essonne sans Orly? Un aéroport en moins, des emplois à « recaser », pour Thierry Mandon, mais un « bassin de vie à réinventer », plaide Didier Gonzales. Avec deux tiers de la ville couverts par l’aéroport, Paray-Vieille-Poste s’inquiète : « Sans la manne financière portée par Orly, nous n’aurions jamais construit le centre aquatique et surtout notre taux d’imposition ne serait pas aussi bas », décrypte le premier adjoint, Franck Degioanni. Même inquiétude à la chambre de commerce et d’industrie, où le président craint que l’Essonne ne puisse « répondre à la concurrence avec les autres plates-formes mondiales » si Orly s’en va. Contactés, ni Nathalie Kosciusko-Morizet, ni Françoise Briand, ni Pierre Lasbordes n’ont répondu à nos sollicitations.

Trois bonnes raisons de le déménager

  1. En finir avec les nuisances sonores. « Chaque jour, entre 10 et 15 avions survolent Dourdan pour aller atterrir à Orly. Le bruit moyen de 30 décibels explose à 65! Et ce n’est rien par rapport à Arpajon ou le nord de Saint-Chéron, où 70 à 80 avions pourrissent la vie des riverains », note Jean-Paul Radix, président du Collectif contre les nuisances aériennes sur Dourdan et sa région.
    Pour lui, le bruit émanant d’Orly perturbe la vie d’« au moins » 300000 Essonniens.
  2. Exit la pollution. L’aéroport d’Orly, situé en zone urbaine, est responsable de forts taux de pollution. Selon un rapport d’Airparif qui surveille la qualité de l’air, les taux de « nuisance chimique » en dioxyde d’azote dépassent le seuil préconisé de Longjumeau à Wissous en passant par Massy et Champlan. « La pollution liée aux avions est dangereuse pour la santé. Elle peut provoquer des décès prématurés et de l’asthme pour les enfants », assure Claude Carsac, d’Essonne Nature Environnement.
  3. Régler le déficit de logements. Selon Didier Gonzales (UMP), à l’origine de la proposition de loi, la fin de l’aéroport d’Orly permettrait l’arrivée de 70000 nouveaux logements dans le secteur. « On pourrait faire d’Orly un grand centre d’activités économiques, de logements, de loisirs qui permettrait de créer des dizaines de milliers d’emplois. »

Trois bonnes raisons de le garder

  1. Environ 10 000 Essonniens vivent grâce à Orly. L’aéroport et sa plate-forme permettent à environ 10 000 Essonniens (sur les 27 000 emplois au total) d’avoir un emploi. Selon un document d’Aéroports de Paris, « l’Essonne est le territoire qui est le premier bénéficiaire en emplois avec 45 % du total ».
    Des villes comme Athis, Paray, Savigny et Viry ont plus de 300 actifs travaillant autour du pôle d’Orly. Sans compter les milliers d’emplois indirects dans les zones d’activités voisines. Le gérant du restaurant Frutos Mar à Athis confirme : « Si Orly s’en va, je perds 50 % de ma clientèle. »
  2. Conserver les grands projets de transports. « Sans Orly, quel intérêt de réaliser les transports pour lesquels on s’est tant battus », souffle François Garcia, le maire PS d’Athis. En ligne de mire, le prolongement de la ligne 14 du métro, l’arrivée du tramway T7 ou encore l’interconnexion pour les TGV arrivant du sud de la France et dont Orly est pressenti pour accueillir la gare. Autant d’avancées pour les transports en Essonne qui pourraient, selon l’élu, « souffrir » d’une délocalisation du site.
  3. Préserver un équilibre social. Que deviendraient les familles des salariés d’Orly vivant en Essonne en cas de délocalisation de l’aéroport? Huit sites de remplacement sont envisagés par le député Gonzales dont Le Havre (Seine-Maritime), Montdidier (Somme) ou encore Vatry (Marne), ce qui signifierait des déménagements à plus de 100 km et tous les problèmes familiaux et scolaires qui en découleraient.

 

28.06.2011 – Métrofrance

Des élus veulent délocaliser Orly

Soixante députés proposent de déplacer l’aéroport du sud parisien, jugé incapable de faire face à l’évolution du trafic aérien. Le projet suscite de nombreuses réactions.

L’aéroport d’Orly doit-il disparaître d’ici une dizaine d’années au profit d’un nouvel aéroport ? C’est la surprenante thèse défendue par le député-maire UMP de Villeneuve-le-Roi (Val-de-Marne) Didier Gonzales, à l’origine d’une proposition de loi visant à « ouvrir le débat sur le transport aérien en Ile-de-France ».

Le texte, soutenu par soixante députés, suggère de délocaliser Orly sur un territoire moins dense, en Ile-de-France ou au-delà. « Le trafic aérien augmente de 4,7% par an et l’Ile-de-France devra absorber 600 000 mouvements supplémentaires en vingt ans, explique Didier Gonzales. Roissy reçoit déjà 550 000 mouvements, et Orly est plafonné à 200 000, avec une obligation de couvre-feu la nuit parce que l’aéroport est enclavé dans une zone où vivent 3500 habitants au kilomètre carré ». Selon l’élu, l’aéroport, incapable de s’étendre, est en train de « plonger » et n’emploie « que » 26 000 personnes. « C’est faible. Ce territoire sinistré représente dix fois la Défense, qui a près de 200 000 salariés. »

L’idée de l’élu : oublier l’idée d’un troisième aéroport francilien, bloquée par la loi Grenelle, au profit d’un aéroport de substitution. Plusieurs scénarios existent : un site à moins de 25 kilomètres de Roissy, par exemple à Beauvais ; un autre au sud d’Orly comme cela a déjà été envisagé à Bauvilliers (Eure-et-Loir) ; développer un aéroport existant comme celui de Vatry (Marne), à 150 kilomètres de Paris ; ou encore au Havre, afin de profiter de la future ligne à grand vitesse que reliera Paris. En contrepartie, Orly pourrait, selon le député, accueillir un nouveau quartier d’affaires profitant des transports du futur Grand Paris.
La proposition promet de houleux débats. A l’instar des Chambres de commerce du Val d’Oise, des Yvelines et de l’Essonne, le président PCF du conseil général du Val-de-Marne, Christian Favier, a dénoncé un projet « irresponsable », rappelant que l’emploi lié indirectement à Orly concerne 173 000 personnes.


30.06.2011 – Vonews

Délocalisation de l’aéroport d’Orly : quelles conséquences pour Roissy CDG ?

Alors que le député maire (UMP) de Villeneuve-le-Roi (Val-de-Marne), Didier Gonzales, a proposé un texte de loi visant à compléter le projet du Grand Paris en prenant compte des enjeux de la desserte aérienne, les réactions n’ont pas tardé à fuser. Le texte prévoit notamment la réduction au maximum des nuisances dans les parties urbanisées du territoire francilien par la délocalisation de l’aéroport d’Orly. Une solution qui, selon l’élu, soulagerait également Roissy Charles de Gaulle. Applaudi par un collectif d’associations de riverains d’aéroports, ce projet n’est pas du tout du goût du président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Val d’Oise.

Et si le bien être des riverains survolés par les avions en provenance ou à destination de l’aéroport de Roissy passait par la délocalisation d’Orly. C’est en tout cas la thèse de Didier Gonzales. Le député-maire de Villeneuve-le-Roi, soutenu par 60 députés, a proposé une loi visant à réduire au maximum des nuisances dans les parties urbanisées du territoire francilien. Une proposition qui suscite à la fois l’enthousiasme de l’Union Française Contre les Nuisances des Aéronefs (UFCNA) et le tollé de la Chambre de commerce et d’industrie de Versailles Val-d’Oise/Yvelines (CCIV). Pour appuyer sa proposition, le député explique que « d’ici 2020, la direction générale de l’aviation civile prévoit un taux de croissance de l’ordre de 3,5 % ». D’où la nécessité selon lui de déplacer le trafic de l’aéroport d’Orly, plafonné à 200 000 mouvements et soumis à un couvre-feu la nuit. Enterrée par le Grenelle de l’Environnement, la possibilité d’un troisième aéroport francilien n’est pas abordée dans cette proposition au profit d’un aéroport de substitution. En revanche, le doute persiste quant à sa localisation qui pourrait même ne pas se situer en Ile-de-France.

L’UFCNA vote une motion en faveur du texte

Pour les 75 associations de l’Union Française Contre les Nuisances des Aéronefs, cette idée est accueillie avec enthousiasme. Lors de son dernier conseil d’administration, le 18 juin dernier, elle a décidé de voter une motion pour le soutien de la proposition de loi du député Didier Gonzales. Le collectif y voit l’opportunité de réduire fortement les nuisances aériennes en Ile-de-France, région dix fois plus dense que le reste du territoire, qui concentre 60 % du trafic national. Pour Roissy, l’UFCNA espère aboutir parallèlement à un couvre-feu de 8 heures consécutives et le plafonnement en nombre de mouvements à un niveau « permettant de réduire de façon tangible les nuisances actuelles » pour les riverains concernés par les vols de nuit autour des aéroports de Roissy mais aussi du Bourget, situé à 60% sur le territoire valdoisien. Autre condition du soutien des associations, « que le trafic ne soit pas reporté sur les grands aéroports régionaux ». L’Union Française Contre les Nuisances des Aéronefs rappelle que 2,7 millions de personnes sont survolées à moins de 3000 mètres par le trafic des deux principales plates-formes franciliennes.

Un projet « irresponsable »

La proposition du député Didier Gonzales a également suscité de nombreuses levées de bouclier. Si le président (PCF) du conseil général du Val-de-Marne, Christian Favier, a critiqué un projet « irresponsable » mettant en péril 173 000 emplois liés indirectement à Orly, celui de la chambre de commerce et d’industrie de Versailles Val-d’Oise/Yvelines (CCIV) n’a pas tardé à s’insurger à son tour. Yves Fouchet critique une démarche qui, selon lui, « mettrait en péril le développement économique du sud de la région parisienne, en un mot le Grand Paris ». Jugeant que « les entreprises sont déjà pénalisées dans leur accès à la plateforme de Roissy du fait de l’encombrement des voies de communication et du retard considérable dont souffre la Région en matière d’équipement routier et de transports publics », il estime qu’une fermeture d’Orly aggraverait la situation. La proposition du député n’a en plus jamais été abordée lors des concertations sur le Grand Paris, précise la CCIV qui évoque une « totale incohérence de cette proposition, par rapport aux décisions du SDRIF mais également du Grand Paris, résultant d’un compromis entre l’Etat et la Région et visant le développement d’une gare TGV à Orly et une liaison Orly, Massy, Saint-Quentin-en-Yvelines.» Pour le président de la Chambre de commerce et d’industrie, « la fermeture de l’aéroport est loin d’être la seule solution et surtout la plus viable ». Il propose ainsi de « réorganiser et redynamiser la desserte aéroportuaire d’Orly, via l’aviation d’affaire par exemple ».


15.07.2011 – Le Parisien

La ministre se penche sur l’avenir de l’aéroport

Nathalie Kosciusko-Morizet va lancer en septembre une commission chargée de dessiner ce que sera Orly dans le futur. Toutes les pistes seront étudiées. Même celle de la délocalisation.

Par grégory Plouviez, Florence Méréo et Vincent Vérier

Après la proposition de loi du député-maire UMP de Villeneuve-le-Roi, Didier Gonzalès, de délocaliser les « plates-formes les plus insérées dans un tissu urbain dense, comme celle d’Orly », la levée de bouclier ne s’est pas faite attendre. La ministre de l’Ecologie et des Transports, Nathalie Kosciusko-Morizet, va lancer une commission d’étude sur l’avenir de l’aéroport.

Un deuxième pavé dans la mare? La ministre de l’Ecologie et des Transports, Nathalie Kosciusko-Morizet, vient d’annoncer lors d’un comité départemental des militants UMP de l’Essonne qu’elle lancerait en septembre une commission sur l’avenir de l’aéroport d’Orly. Cette initiative de la ministre, également maire de Longjumeau (Essonne), fait suite à une récente proposition de loi du député-maire UMP de Villeneuve-le-Roi, Didier Gonzalès.

Un texte relatif à la desserte aérienne du Grand Paris qui a fait couler beaucoup d’encre, puisque le parlementaire, appuyé par 60 collègues, y plaidait notamment pour « la délocalisation des plates-formes les plus insérées dans un tissu urbain dense, comme celle d’Orly ».

Des milliers d’emplois seraient menacés.

La levée de boucliers qui avait suivi avait été considérable. A gauche, et dans une moindre mesure à droite, beaucoup d’élus ont dénoncé une proposition qui, si elle aboutissait, menacerait des milliers d’emplois dans le Val-de-Marne. Un débat qui, toujours selon ces élus, fragilise dès maintenant le développement du pôle économique en n’incitant pas les investisseurs à parier sur un secteur peut-être privé de son aéroport à terme.

En lançant une commission avec Maurice Leroy, le ministre chargé du Grand Paris, NKM veut « examiner tous les scénarii possibles » et mettre à plat toutes les problématiques (environnementales, économiques, nuisances…). De là à envisager officiellement un déménagement de la plate-forme, il y a un pas… que la ministre ne franchit pas. « Il est trop tôt pour évoquer cela et je ne suis pas convaincue par toutes les suggestions (NDLR : de la proposition de loi) mais il est sûr que Didier Gonzalès a pris là une position historique », confiait récemment la ministre en privé.

Pour le parlementaire, cette sortie de NKM n’est pas une surprise : « C’est du bon sens, se réjouit le député. Avec un trafic aérien multiplié par deux dans les prochaines années et des préoccupations environnementales de plus en plus présentes chez les Français, on ne peut pas faire l’économie d’un débat sur la délocalisation d’Orly. Il y a les conservateurs, qui ne proposent rien, et nous. »

Avec ce soutien de poids, l’élu espère désormais faire prospérer son idée. D’ores et déjà, des contacts ont été pris avec des conseillers de Nicolas Sarkozy. Pour Christian Hervy, maire PC de Chevilly-Larue et conseiller général, en tête des opposants : « Ce déménagement d’Orly est une proposition électoraliste sur la forme et fantaisiste sur le fond. Maintenant j’attends de savoir précisément à quoi va servir cette commission. »


27.07.2011 – Les Echos

Pour un nouvel aéroport parisien

Par Nicolas Zveguintzoff

L’avant-projet révisé de Schéma national d’infrastructure de transport (SNIT) publié par le ministère de l’Ecologie est sans équivoque : tandis que les engagements de développement du ferroviaire (essentiellement la grande vitesse) seraient de l’ordre de 103 milliards d’ici à 2020, seulement 1 milliard serait consacré au transport aérien, ce qui exclut tout nouvel aéroport pour Paris et sa région.

Cette position n’affronte pas la réalité : il faudra des pistes supplémentaires, les dispositions auraient dû être prises depuis longtemps. Sur la base d’une hausse (mesurée) du trafic de 3 % par an, il sera de 135 millions de passagers en 2025.

En 2001, la nécessité de créer un nouvel aéroport, déjà reconnue en 1995, avait été confirmée sous le gouvernement Jospin, puis rejetée suite à l’alternance politique dès 2002. Il avait été décidé que cet aéroport serait construit au nord, à Chaulnes, suscitant l’incrédulité : bien trop éloigné de Paris (120 km, contre 27 pour Roissy) ; et à la croisée de deux axes de trafic très denses (Allemagne-Grande-Bretagne ; Scandinavie-Espagne), ce qui aurait compliqué encore le travail de contrôle aérien.

Le Nord de Paris est bien desservi. Avec 4 pistes et une emprise de 3.000 hectares, Roissy pourra opérer à terme plus de 130 mouvements par heure et traiter 110 millions de passagers par an (60 millions aujourd’hui), sa limite pratique étant la somme de multiples défis à relever : gestion de l’espace sur une plate-forme construite au fil de l’eau ; liens routier et ferroviaire avec Paris à repenser entièrement etc. C’est au Sud que la capacité fera défaut : les attaques contre l’aviation à Orly ont abouti à bloquer les mouvements à 250.000 par an dès 1994. EasyJet s’était ainsi vu refuser la reprise des créneaux horaires libérés par la faillite d’Air Liberté.

En plus de Roissy au nord, un aéroport au sud de Paris, doté progressivement de 4 pistes indépendantes et pouvant traiter 100 millions de passagers à son maximum de développement en 2050 suffira. Orly pourra être fermé dès les premières années d’exploitation du nouvel aéroport. L’économie d’Orly saura se redéployer autour d’un grand centre d’affaires, ce à quoi ADP s’emploie avec succès (projet de centre « Coeur d’Orly ») et grâce à une réaffectation judicieuse de sa réserve foncière (1.500 hectares). C’est maintenant qu’il faut agir pour geler les réserves foncières du nouvel aéroport, lancer les enquêtes publiques et se préparer à lutter contre les stratégies dilatoires. Dix ans seront nécessaires avant de commencer de grands travaux, quinze ans avant l’entrée en service, nécessaire à l’horizon 2025. L’Etat s’apprête à lancer un métro autour de Paris. Pour 30 milliards, il va créer une boucle reliant les aéroports. Avant de figer le trajet sud de ce futur métro, il sera avisé de définir lesquels relier : Orly, bloqué depuis 1994, ou l’aéroport placé plus au sud et dont Paris a besoin vers 2025 ?

Un développement maîtrisé commande de rouvrir en urgence le dossier du nouvel aéroport de Paris et décider en connaissance de cause, sans faux débat : ni dans le Grand Est, ni évidemment au Havre, encore moins à Lyon qui ne saurait être qualifié de « hub secondaire » de Paris.

La Grande-Bretagne aurait renoncé à construire une nouvelle piste à Heathrow mais pousserait un projet alternatif de nouvel aéroport dans l’estuaire de la Tamise, desservant ainsi l’est londonien : un défi osé mais Londres resterait une grande destination et continuerait de se développer. Sans un remplacement d’Orly au sud, Paris renoncerait à tenir son rang.


04.10.2011 – La Tribune

Faut-il fermer l’aéroport d’Orly ?

Le gouvernement a mis en place la proposition de loi stratégique sur l’avenir du deuxième aéroport parisien, dont les capacités sont bloquées depuis 1994. Des voix s’élèvent pour en créer un nouveau.

Faut-il lever les contraintes de capacités d’Orly, fermer l’aéroport ou en construire un autre ? Alors que le gouvernement met en place une Commission stratégique pour l’avenir de la plate-forme parisienne, la réponse réside dans l’une de ces trois possibilités, dont l’une, très provocatrice (la fermeture) a peu de chance d’aboutir, même si « aucun sujet n’est tabou », a assuré la ministre des Transports, Nathalie Kosciusko-Morizet. Orly est un dossier polémique, qui oppose depuis des années les tenants du développement économique à ceux de la protection contre les nuisances sonores. La ministre a beau dire que « c’est une hypocrisie », la question du déplafonnement du nombre de créneaux horaires à Orly est pourtant au coeur de la problématique du onzième aéroport européen avec 25 millions de passagers accueillis par an.

Car la décision prise par décret en 1994 de limiter à 250.000 mouvements aériens (décollages et atterrissages), soit la moitié de ses capacités pour protéger les riverains des nuisances sonores, constitue un obstacle insurmontable pour définir « Orly dans 20 ans » comme le souhaite la ministre, alors le trafic aérien mondial augmente de 5 % en moyenne chaque année. Si l’utilisation d’avions de plus grosse capacités est une solution (c’est comme cela que la pénurie est gérée dans d’autres aéroports saturés comme Londres-Heathrow), le système à ses limites et ne règle pas le problème à long terme.

Si la levée pure et simple du plafonnement est inconcevable – aucun gouvernement souhaitera être confronté à une levée de boucliers des riverains -, une redéfinition du plafond à un niveau plus haut ou sur un autre critère comme le bruit, pourrait faire l’objet d’un consensus si la mesure est bien expliquée. « Avec l’amélioration des avions depuis 1994, les nuisances ont reculé et il serait possible d’augmenter le nombre de créneaux. Un plafond en bruit aurait le mérite de pousser les compagnies à moderniser leur flottes », explique un expert.

27.000 emplois directs

« Si rien est fait à Orly, il y aura des problèmes de capacité vers 2025 dans la région parisienne car celle de Roissy n’est pas non plus extensible. Il faudra penser à un nouvel aéroport », explique le consultant en aviation Nicolas Zveguintzoff. En 2008, la Cour des Comptes avait tenu le même discours. Et le consultant de préciser : « Dans la mesure où le contrôle aérien est dense au nord, la capacité supplémentaire doit être mise en place au sud de Paris. Si celle d’Orly n’est pas augmentée, il faudrait créer un nouvel aéroport dans le sud, pas très loin, avec, au moment de son ouverture, la fermeture d’Orly ». La mesure est extrême si l’on songe que l’aéroport génère 27.000 emplois directs. Elle rejoint celle du député-maire de Villeneuve-le-Roi (Val-de-Marne), Didier Gonzales, qui lui n’a pas déterminé un lieu pour déménager Orly. Un tel scénario consisterait à créer au sud un aéroport aussi grand que Roissy. Aussi, des proches de la Direction générale de l’aviation civile évoquent plutôt un scénario de création d’un troisième aéroport d’une capacité similaire à celle d’Orly, qui serait maintenu. De quoi relancer la polémique sur l’emplacement de cet aéroport.

Fabrice Gliszczynski

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