les écolos contestent les prévisions d’embauches autour de Roissy

03.10.2013 – Le Parisien
Après l’agriculture et l’urbanisme, le troisième atelier organisé dans le cadre de la concertation sur le Triangle de Gonesse sera consacré aujourd’hui au développement économique et à l’emploi. L’occasion de faire le point sur ce sujet qui suscite des polémiques.

D’un côté, la création annoncée de 132 000 emplois, d’ici à 2030, sur les 25 plus gros projets autour de Roissy, issue d’une étude réalisée pour l’EPA Plaine de France, aménageur de la zone. De l’autre, les membres du collectif pour le Triangle de Gonesse (CPTG), qui ont effectué leur contre-enquête et sortis la calculette.

« Ce chiffre est largement surestimé, assure Jacqueline Lorthiois, spécialiste en développement économique et la Madame emploi du collectif. Lors de la construction de l’aéroport Charles-de-Gaulle, mis en service en 1974, les prévisions étaient à l’époque de 70 000 emplois dès 1975. Or, en 1977, on ne comptait que 18 000 emplois directs. Et ce fut le même phénomène pour Disneyland, qui compte aujourd’hui 15 600 emplois, alors que ses promoteurs évoquaient en 1989 un scénario de 100 000 emplois. Enfin, tout projet ne voit pas forcément le jour. On se souvient de Roland Garros à Gonesse ou du circuit de Formule 1 à Sarcelles, tous deux créateurs d’emplois et abandonnés. »

Pour le collectif, qui conteste la future urbanisation des 200 ha du Triangle de Gonesse, « les chiffres mentent ». « Non contents de réduire à la peau de chagrin les terres agricoles du secteur, tous ces grands projets, en matière d’emplois, ne font que vendre du rêve » martèle Bernard Loup, le président du collectif.

« Le document se cantonne à ces 25 projets pris séparément, sans tenir compte de la concurrence entre ces équipements, avertit encore Jacqueline Lorthiois. Par exemple, 6 centres d’affaires doivent voir simultanément le jour sur ce secteur. Même chose pour les centres commerciaux d’Aéroville et d’EuropaCity. Des projets gigantesques qui vont supprimer des emplois ailleurs. D’abord chez son voisin O’Parinor, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) ou à MySpace, à Sarcelles. Mais aussi dans les communes alentours. Selon la chambre de commerce et d’industrie, pour un emploi créé en périphérie, trois disparaissent en centre-ville. Autant de destructions dont les estimations très optimistes ne tiennent pas compte. »

D’autres éléments viennent conforter les certitudes du collectif : « on ne tient pas compte du phénomène de relocalisation d’entreprises qui viennent sur place avec leurs salariés. Autant d’emplois qui ne profitent pas localement, note Jacqueline Lorthiois. Et ceci d’autant moins que les places qualifiées seront les plus nombreuses à être offertes. Or, sur le territoire, 30 à 40% de la population de plus de 15 ans ne possède aucune qualification. Comment croire que la population locale bénéficiera de ces dizaines de milliers d’offres qui recrutent majoritairement au niveau bac et supérieur?

Ce soir, réunion de concertation de 17 h 30 à 20 heures, salle du conseil municipal, hôtel de ville, Gonesse.

Bénédicte Agoudetsé

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