18.11.2018 – Le Parisien

Romain Chiron et Anne Collin

L’association Advocnar, qui lutte contre les nuisances aériennes, était présente ce dimanche sur le marché d’Eaubonne. Son objectif, mobiliser les riverains de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle contre le futur terminal 4, dont l’ouverture doit s’échelonner de 2024 à 2037.

Jean-Louis habite Saint-Gratien. Ce dimanche matin, sur le marché d’Eaubonne, il fait une halte au stand de l’association Advocnar, la plus importante association en France contre les nuisances aériennes. A quelques mètres d’un bus d’information mobile mis en place par le groupe ADP (Aéroports de Paris). Il découvre ainsi, désabusé, le projet du futur terminal 4 à Roissy. Soit 500 mouvements d’avions supplémentaires chaque jour, près 40 millions de voyageurs de plus par an, sans construire de nouvelles pistes.

L’ouverture du bâtiment doit s’échelonner de 2024 à 2037. « Je ne supporte déjà plus le bruit. Je ne vais plus dans mon jardin ! J’ai honte d’inviter des gens chez moi. On est obligés d’interrompre les conversations dès qu’un avion passe au-dessus de nos têtes, assène Jean-Louis. Alors 500 rotations d’avions en plus par jour… Si ma femme n’était pas enseignante, j’aurais déjà quitté le Val-d’Oise. »

« Je ne supporte plus le bruit »

Même sentiment d’impuissance pour Alain, qui vit à Andilly : « Je ne supporte plus le bruit, ma vie devient un enfer.» Pour recevoir des amis chez lui, le quadragénaire s’improvise météorologue. « Je regarde les pronostics de vent sur Internet pour mes soirées du samedi. Si le vent vient de l’Est, je sais qu’il y aura trop de bruit ! »

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Il milite, contrairement au projet d’ADP, pour l’ouverture d’une piste supplémentaire. « Il en faudrait une troisième au nord (NDLR : il y en a actuellement deux au nord et deux au sud), pour renforcer le trafic sur la plaine de France, qui est beaucoup moins peuplé que la vallée de Montmorency ! » exhorte Alain.

Une mobilisation citoyenne renforcée en janvier

L’Advocnar veut capitaliser sur cette colère pour organiser la riposte sur le terminal 4. « Nous serons le 28 novembre à Montmorency pour continuer à informer les gens sur les conséquences du bruit et de pollution de ce nouveau T4, avec les émissions d’oxyde d’azote et de particules fines qui peuvent engendrer des bronchites et des cancers. On va augmenter nos actions dès janvier, lorsque ADP lancera sa concertation sur le projet », explique Françoise Brochot, la présidente de l’Advocnar.

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Du côté des villes, la mobilisation a aussi commencé. Le conseil municipal de Villiers-le-Bel a voté une motion vendredi soir contre le projet actuel du T4. Le maire (PS), Jean-Louis Marsac, demande notamment des engagements concrets sur la limitation du bruit et d’engagements concrets sur l’accès aux emplois de la plate-forme de Roissy pour les populations de l’est du Val-d’Oise.

A Gonesse aussi, des inquiétudes se sont déjà faites entendre. Jeudi après-midi, une dizaine d’habitants sont venus à la rencontre du bus d’informations avec des messages à faire passer. « Le T4… Si nous avons des emplois ! », « Le T4… Si notre sommeil est préservé », pouvait-on notamment lire sur leurs pancartes préparées par l’association Gonesse 2020. Celle-ci réunit des soutiens du maire de la ville, Jean-Pierre Blazy. Depuis plusieurs jours, ce dernier avait appelé les Gonessiens à « se mobiliser » et à « faire entendre leur voix ». « A ce stade, c’est interrogations et inquiétudes », assure-t-il.

L’élu propose notamment la mise en place de plusieurs mesures comme un couvre-feu la nuit, de 23 heures à 5 heures du matin. « Pourquoi ça ne serait pas possible ? C’est ce qui a été décidé à Francfort, un aéroport de taille équivalente à Roissy. » Pour Jean-Pierre Blazy, la question de l’accès à l’emploi devra également être réglée. « On nous parle de nombreuses créations. C’est très bien mais il faudra relever le défi de la formation pour que nos jeunes puissent y accéder. L’enjeu n’est pas nouveau et il n’est toujours pas réglé puisque aujourd’hui, malgré les 90 000 emplois de la plate-forme, le chômage est toujours important sur notre territoire. »

ADP SOUHAITE UNE CROISSANCE «MAITRISEE »

Le groupe ADP dit entendre les inquiétudes des habitants, concernant notamment l’augmentation du bruit liée au futur terminal 4. « La concertation sera l’occasion d’aborder ces inquiétudes. Cependant, il est important de rappeler qu’il n’y aura pas de nouvelles pistes et qu’aujourd’hui, tous les acteurs concourent à ce qu’il y ait cette croissance mais qu’elle se fasse de façon la plus maîtrisée possible : les avions sont mieux remplis, moins bruyants, il y a eu des changements de trajectoire… Et nous travaillons encore à une amélioration », indique le groupe ADP, qui insiste aussi sur l’impact positif sur l’emploi.

« Au total, jusqu’à 50 000 emplois directs, 225 000 indirects vont être créés, que ce soit pendant le chantier mais surtout par la suite avec un besoin nouveau de personnels navigants, de salariés dans les commerces… » Le groupe promet d’engager un travail sur « la formation des riverains des communes alentour pour qu’ils puissent profiter cette manne ».

 

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