08.01.2019 – Les Echos
Le projet pourrait amener 500 mouvements d’avions supplémentaires chaque jour à l’horizon 2037. Une concertation publique organisée par ADP devrait débuter en février.
Jusqu’à 38 % d’avions en plus en 2037 si le projet de terminal 4 à Roissy-Charles-de-Gaulle se concrétise… C’est ce que craint l’Association de défense du Val-d’Oise contre les nuisances aériennes (Advocnar) qui se bat depuis plus de 30 ans pour défendre les intérêts des Franciliens affectés par le trafic aérien des aéroports de Roissy-Charles de Gaulle et du Bourget.
La construction de la future aérogare devrait démarrer en juillet 2020 et pourrait ouvrir partiellement en 2024, peu avant le début des Jeux Olympiques de Paris. Mais la version finale n’est attendue qu’à l’horizon 2037.
Evoqué depuis longtemps, le projet est colossal. D’une dimension comparable à l’actuel aéroport d’Orly, ce futur terminal intégré en forme de « U » sera capable d’accueillir jusqu’à 40 millions de passagers de plus par an en 2037 et d’effectuer 500 mouvements d’avions de plus par jour.
Atterrissage en descente continue
Cette augmentation du nombre des vols fait craindre à l’Advocnar, opposée au projet, une hausse de la pollution sonore et de l’air. Parmi les différentes méthodes permettant d’atténuer les nuisances comme l’atterrissage en descente continue, le décollage en seuil de piste ou encore l’augmentation de l’angle d’atterrissage, l’association milite notamment pour une limitation des vols de nuit. Aujourd’hui, l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle est champion d’Europe en la matière avec en moyenne 157 mouvements d’avions entre 22 heures et 6 heures, s’agace la présidente de l’association, Françoise Brochot. Et cette dernière de rappeler qu’à l’aéroport de Francfort, les vols de nuits sont interdits de 23 heures à 5 heures.
A Roissy, les restrictions d’avions bruyants sont aussi nettement moins sévères que dans d’autres aéroports, ajoute-t-elle. C’est le cas de l’aéroport de Nantes-Atlantique où les avions certifiés entre 1977 et 2006 devraient être interdits de décoller et d’atterrir entre 23 heures et 6 heures, à compter du 31 mars 2019.
Et remplacer une partie de la flotte par des avions plus modernes et moins polluants ? « C’est peut-être la solution », répond Françoise Brochot. Mais les avions ayant une durée de vie de 30 à 40 ans, « les appareils qui nous pourrissent la vie ne sont pas près de disparaître », regrette-t-elle.
Concertation publique
Au groupe Aéroports de Paris, le gestionnaire de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, on insiste sur le fait que l’« on est à un stade en amont d’un projet qui va durer quinze ans ». « On est à la veille de l’ouverture d’une concertation qui a pour objet de présenter non pas le projet de terminal dans son détail, mais les prévisions de croissance à Roissy et toutes les conséquences de cette croissance », précise Edward Arkwright, directeur général exécutif du groupe ADP.
Cette concertation publique devrait être menée à compter du 12 février pour trois mois. « C’est une concertation complètement inédite dans l’histoire d’ADP » notamment parce qu’elle n’était pas obligatoire, souligne Edward Arkwright.
Au cours de cette concertation, une quinzaine de sujets seront discutés, précise le groupe. « Ce que l’Advocnar et l’ensemble des parties prenantes nous disent, nous avons trois mois pour l’entendre, pour en débattre et pour entendre ce que les gens en disent. Nous ne prendrons position qu’à la fin de cette concertation », affirme Edward Arkwright.
Le groupe a déjà assuré que « le projet se fera sans nouvelle piste et sur des zones déjà largement imperméabilisées ». Situé « au coeur de la plate-forme », « il n’aura pas d’effet d’éviction sur les autres activités situées aux alentours », insiste Edward Arkwright.
Florence Renard