12.02.2019 – La Croix

 

Le groupe ADP (ex-Aéroports de Paris) a engagé le 12 février une concertation publique avec 480 communes sur le futur terminal 4 qui doit permettre d’accueillir 40 millions de passagers supplémentaires en 2038.

Des associations de riverains s’alarment du risque supplémentaire de nuisances sonores et de pollution.

Le futur terminal a vocation de permettre à Roissy d’accueillir à terme entre 35 et 40 millions de passagers supplémentaires. / basphoto/BasPhoto – stock.adobe.com

La coïncidence de dates est troublante. Presque un an jour pour jour après l’abandon officiel du projet de l’aéroport Notre-Dame-des-Landes, pas moins de 480 communes sont invitées à participer depuis le 12 février à une concertation publique engagée par ADP (ex-Aéroport de Paris).

L’objet de ces discussions ?

Le monumental projet du terminal T 4 que le groupe veut bâtir à Roissy Charles-de-Gaulle.

Ce terminal, pratiquement grand comme l’aéroport d’Orly, doit être construit sur une emprise de 167 hectares avec un coût estimé entre 7 et 9 milliards d’euros, financés par ADP. Les travaux doivent débuter en 2021 et s’échelonner jusqu’en 2038 avec une première mise en service partiel en 2028.

35 à 40 millions de passagers en plus

L’objectif affiché est de pouvoir absorber la hausse attendue du trafic de passagers dans les prochaines années. « Nos installations actuelles sont en voie de saturation, indique Amélie Lummaux, directrice environnement, RSE et territoires du Groupe ADP. « Elles peuvent accueillir 72 millions de passagers par an, un trafic que nous avons atteint fin 2018. Il y aura donc bientôt trop de monde pour une bonne qualité de service. » Le trafic à l’aéroport parisien croit d’environ 3 % par an.

Le futur terminal a vocation de permettre à Roissy d’accueillir à terme entre 35 et 40 millions de passagers supplémentaires. Soit davantage qu’Orly. « C’est une construction maîtrisée, insiste Amélie Lummaux. Il ne s’agit pas d’étendre l’aéroport puisque l’emprise du futur terminal y est déjà incluse et occupée pour moitié par l’actuel terminal 3. » Les quatre pistes actuelles sont suffisantes.

Quid des nuisances sonores ?

L’exploitant de Roissy prévoit entre 620 000 et 660 000 mouvements d’avions annuels d’ici à 2037, contre 481 000 en 2018. C’est bien ce qui inquiète de nombreux riverains. « Depuis des années, nous demandons que des mesures soient prises pour diminuer le bruit et la pollution auxquels sont soumises un million de personnes autour de Roissy, explique Françoise Brochot, présidente de l’Association de défense du Val-d’Oise contre les nuisances aériennes (Advocnar). Nous avons travaillé sur ce sujet lors des Assises de l’aérien avec la ministre Élisabeth Borne et nous attendons toujours des annonces. Et voici ce gigantesque projet ! »

Selon l’association, l’augmentation de trafic prévue risque de faire perdre le bénéfice du renouvellement des flottes des compagnies avec des avions plus silencieux. Elle pointe la récente étude Bruitparif qui montre que, dans les communes les moins peuplées d’Île-de-France, les riverains des pistes d’aéroport sont ceux qui perdent le plus de mois de vie en bonne santé. « En outre, la pollution à l’oxyde d’azote va augmenter de 30 % et celle aux particules fines de 11 % », insiste Françoise Brochot.

Chez ADP, on assure au contraire qu’avec les nouveaux avions, plus silencieux et en outre plus capacitaires, les nuisances sonores resteront stables en 2037 alors que le nombre de passagers aura augmenté de près de 90 % par rapport à 2014.

De même, les deux parties s’opposent sur le nombre d’emplois générés. De quoi nourrir une concertation, sans doute sujette à de hautes turbulences, qui doit durer jusqu’à mai prochain.

Michel Waintrop

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