14.02.2019 – Le Parisien

Par Marie Persidat

L’association, basée à Saint-Prix et connue pour son action contre le bruit des avions arrivant et partant de Roissy veut faire entrer la question de la qualité de l’air dans le Grand débat national.

« Le secteur aérien est le seul à ne proposer que des mesures marginales pour réduire les émissions de gaz à effet de serre… Ils prévoient même l’augmentation des émissions ! » L’Advocnar, l’association de défense contre les nuisances aériennes basée à Saint-Prix, déclare la guerre à la pollution atmosphérique. Déjà très connu pour son action contre le bruit engendré par l’activité de l’aéroport de Roissy, l’organisme a bien d’autres lignes de front. Et en 2019 elle compte intensifier son combat pour la qualité de l’air.

« Le transport aérien bénéficie d’un carburant totalement détaxé, nous voudrions intervenir dans le Grand débat à ce propos », a annoncé Patrick Kruissel, vice-président de l’association, à l’occasion de l’assemblée générale annuelle de l’Adocnar qui s’est tenue lundi à Eaubonne.

L’exemple de la taxation des carburants des voitures

Puisque la toute première revendication des Gilets jaunes concernait l’augmentation des taxes sur l’essence et le gazole, l’organisme compte bien mettre aussi le sujet du kérosène sur la table. « Les gens qui utilisent leur voiture tous les jours pour aller bosser n’ont pas le choix, ils doivent payer le prix, considère Patrick Kruissel. En revanche, les personnes appartenant à un milieu social plus aisé ont accès à des tarifs très compétitifs pour prendre l’avion, puisque le kérosène n’est pas taxé et qu’il n’y a pas de TVA sur les billets. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’Advocnar compte réclamer l’instauration d’une taxation au niveau européen. Une mesure que l’association juge d’autant plus urgente que la pollution engendrée par le carburant des avions n’est pas mesurée dans sa globalité.

« Nous avons demandé une évaluation plus précise, Airparif (NDLR : organisme de surveillance de la qualité de l’air en Ile-de-France) y travaille », déclare Françoise Brochot la présidente.

Une pollution difficile à mesurer

Actuellement, la seule pollution prise en compte est estimée sur ce que l’on appelle « le cycle LTO (landing and take-off), c’est-à-dire les phases d’atterrissage, de roulage et de décollage. Le tout se situant au-dessous de 900 m… « On minimise l’impact du kérosène sur la qualité de l’air, s’insurge Catherine, une militante de l’Advocnar. On nous dit que lorsque la pollution est trop haute, elle ne peut pas se mesurer et se disperse. Mais elle retombe forcément ! »

Pour compléter son action, l’association travaille également sur le volet juridique. En octobre dernier, l’Advocnar s’est associée à un recours déjà mené par les Amis de la terre depuis 2015, pour faire respecter la directive 2008/50 du conseil européen relative à la qualité de l’air en France. Le Conseil d’Etat a sommé le gouvernement d’élaborer de nouveaux plans relatifs à la qualité de l’air sur l’ensemble du territoire, dont l’Ile-de-France. Mais depuis, c’est le statu quo… « Avec les Amis de la terre et au total 76 associations, nous demandons la mise sous astreinte de l’Etat jusqu’à ce qu’il respecte la directive », explique Patrick Kruissel.

 

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