20.04.2019 – La Gazette du Val d’Oise

La communauté d’agglomération Val Parisis et les conseils municipaux des quinze communes ont voté une motion disant non au projet de Terminal 4 à Roissy.

Une centaine d’habitants et plusieurs maires de Val Parisis (Yannick Boëdec, président de l’agglo, Gérard Lambert-Motte, maire du Plessis-Bouchard, Maurice Chevigny, maire de La Frette-s/Seine) ont assisté à la réunion publique de l’ADVOCNAR organisée à la salle Maurice-Berteaux de Cormeilles-en-Parisis, le 9 avril. (©La Gazette du Val-d’Oise.)

Non au T4 : c’est la réponse claire, nette et précise de la communauté d’agglomération Val Parisis à Aéroports de Paris.

Dans une motion adoptée à l’unanimité lors du conseil communautaire du 8 avril, les élus donnent un avis défavorable à ce projet actuellement soumis à une concertation qui va durer jusqu’au 12 mai.

Une motion reprise dans les mêmes termes par les quinze communes de l’agglomération et que les quinze conseils municipaux devaient adopter.

Au-dessus des normes de l’OMS

L’enquête publique est prévue au deuxième semestre de 2020.

Le projet consiste à construire un nouveau terminal, sur une emprise de 167 hectares, qui passera par la démolition de l’actuel T3.

Un chantier privé dont le coût s’élèvera entre 7 et 9 milliards d’euros.

Selon le calendrier prévisionnel annoncé par Adp, les travaux débuteraient en 2021 et le Terminal 4 devrait être totalement opérationnel à l’horizon 2037.

« Une ouverture partielle du terminal est prévue en 2028, pour remédier à la saturation la plus urgente des infrastructures. »

Adp promet 50 000 emplois

Le T4 est destiné à accueillir 40 millions de passagers supplémentaires.

Ce qui signifie, selon l’ADVOCNAR, l’association de défense du Val-d’Oise contre les nuisances aériennes de Roissy, 500 survols supplémentaires chaque jour, soit 1 800 au total.

La plate-forme enregistre 483 000 mouvements chaque année. On atteindrait alors le seuil des 660 000 mouvements annuels.

Un projet qui fait peur aux riverains qui craignent, avec ce terminal, destiné à renforcer Roissy par rapport à ses concurrents européens, de subir davantage de nuisances.

Dans sa délibération, l’agglomération rappelle que les nuisances actuelles, au-dessus du territoire de Val Parisis, « sont bien supérieures aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé, avec plus de 45 décibels de valeur journalière moyennée jour/nuit ».

L’agglomération rappelle aussi que l’analyse scientifique réalisée par Bruitparif « montre que ce territoire est confronté à un risque sanitaire important ». Ainsi, l’impact en termes de mois de vie en bonne santé perdus par un individu sur une vie entière est supérieur à 12.

Le maire (Lr) de Cormeilles-en-Parisis et président de l’agglomération, Yannick Boëdec, a remercié l’Advocnar pour son travail. Le maire de La Frette, Maurice Chevigny (Se, Dvd) a condamné une « fuite en avant, alors qu’on n’a pas encore réglé tous les problèmes de Roissy ».


Dans un film diffusé par l’ADVOCNAR, plusieurs médecins témoignent de la situation autour de l’aéroport de Francfort, en Allemagne, où les riverains subissent 1 200 vols quotidiens. « J’ai toujours vécu près des avions, je n’y fais plus attention », dit une habitante.

Là-bas, contrairement à Roissy, un couvre-feu interdit les vols de nuit.

Les spécialistes sont formels, le bruit des avions perturbe le repos nocturne.
Les prescriptions pour maladies cardio-vasculaires en zone de bruit l’attestent. Une étude a été faite. Tania est bardée de capteurs qui examinent sa pression artérielle, son pouls, son activité cérébrale la nuit. À 5h, le couvre-feu s’achève, les vols reprennent.
Tania dort toujours « comme si de rien n’était », mais son corps réagit au bruit.
« Le sommeil est beaucoup moins profond », notent les médecins.
La tension s’élève. À terme, le risque d’infarctus et de maladie augmente.

Françoise Brochot explique que les nuisances aériennes, ce n’est donc pas « seulement une question de confort mais de santé publique. Et on peut aussi parler de la pollution chimique du kérosène qui est la même que celle du gazole ».

Selon l’ADVOCNAR, avec ce projet, il y aura aussi une hausse de 30 % des rejets d’oxyde d’azote, + 11 % de particules fines et + 13 % de bruit.

« Près de Roissy, on peut perdre jusqu’à 3 ans de vie en bonne santé. Ce n’est pas anodin », a conclu Françoise Brochot.


« C’est compatible avec les enjeux climatiques ? » se demande un riverain

« Ce projet est-il compatible avec les enjeux climatiques signés aux accords de Paris ? » a lancé un habitant lors de la réunion publique à Cormeilles-en-Parisis.

« Pas du tout, a répondu Françoise Brochot, présidente de l’ADVOCNAR. C’est totalement incohérent avec l’objectif de transition énergétique et celui de diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre. ».

« il faut exiger l’arrêt des vols de nuit ! »

Un autre habitant lance : « il faut exiger l’arrêt des vols de nuit ! »

« Notre objectif est bien le couvre-feu et l’alignement sur les autres aéroports, Francfort, Heathrow, explique Françoise Brochot, mais la DGAC (Ndlr, direction générale de l’aviation civile) nous répond que c’est quelque chose de techniquement et économiquement pas possible. »

Enfin, Denis Decoster, de l’ADVOCNAR, explique que le trafic dépend, aussi, un peu de chacun d’entre nous…

« Tant qu’on continuera à acheter des mangues, des avocats venus de pays lointains ou des haricots verts du Kenya l’hiver, on aura davantage d’avions… »

 

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