24.04.2019 – Le PARISIEN

La mise en place de la descente continue est une revendication ancienne des associations de riverains. Sa généralisation pose des difficultés techniques.

C’est une revendication portée depuis longtemps par les associations de riverains de l’aéroport de Roissy. La descente continue faisait partie des thèmes abordés lors de la réunion thématique organisée par le Groupe ADP dans le cadre de la concertation sur le quatrième terminal de l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle. Par rapport à la descente par paliers, elle permet aux avions qui s’apprêtent à atterrir de faire moins de bruit et de consommer moins de carburant. La ministre des Transports, Élisabeth Borne, a indiqué la voir mise en place à Paris-Charles-de-Gaulle d’ici à 2023.

Guillaume Blandel, ingénieur à la Direction des services de la navigation aérienne, est venu exposer l’état d’avancement de ce projet, ce mercredi soir à la Maison de l’environnement de Roissy. « Le contrôle aérien va avoir besoin d’espace pour organiser les avions », a-t-il rappelé, après avoir présenté la complexité du trafic dans cette partie du ciel.

Pour qu’ils soient en sécurité, les avions doivent être séparés de façon verticale par 300 m d’altitude ou sur le plan horizontal de 5,5 km. Or, la distance entre les deux pistes nord et les deux pistes sud de Roissy est inférieure à ce dernier nombre. C’est pour cette raison qu’elle n’est mise en place actuellement qu’entre minuit et 5 heures, quand un seul doublet de pistes est en activité.

Des tests envisageables pour 2020

« C’est une nouveauté technologique. On s’est appuyé sur des travaux de recherches menées par l’Union européenne », a indiqué Guillaume Blandel. Les recherches butent actuellement sur un moyen de s’assurer que les avions soient capable, une fois qu’ils ont quitté la zone de convergence, de changer de cap et de se rendre sur la zone de descente. S’ils devaient continuer leur route tout droit, ils risqueraient une collision avec les avions en train atterrir sur l’autre piste. Toutefois, Guillaume Blandel a indiqué que des essais de jour sur une seule piste étaient envisageables pour 2020.

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« Nous, ce qu’on aimerait, c’est que ça aille plus vite. On a quand même 2 ans et demi de recul sur la descente continue de nuit », lui a répondu Philippe Houbart, du Collectif inter-associatif du refus des nuisances aériennes (Cirena). Quand bien même elle serait généralisée rapidement, les associations estiment que cette mesure ne compensera pas les nuisances supplémentaires générées par l’augmentation du trafic aérien à laquelle le terminal 4 est censé répondre. Philippe Houbart s’est dit favorable à un plafonnement à 500 000 du nombre de mouvements (atterrissages et décollages), ce qui conduirait les compagnies à améliorer l’emport passager des leurs appareils.

« Sur Roissy, on est à 150 passagers, ce n’est pas extraordinaire. À 225, on pourrait absorber les 40 % de trafic en plus », a-t-il souligné. « Des progressions sont possibles mais pas dans des ratios de un à deux », lui a répondu Alain Bernard, d’Air France. Une réponse qui n’a pas convaincu les associations. Ni ce jeune habitant d’Ézanville : « Nous, riverains qui sommes déjà survolés, vous pensez vraiment qu’on va accepter 140 000 mouvements de plus sans se battre ? »

Thibault Chaffotte