19.05.20250 – Le Parisien

L’ADVOCNAR a lancé l’opération « Des oiseaux, pas d’avions » afin de donner la parole à tous ceux qui vivent sous les couloirs aériens de Roissy et dont le quotidien a été transformé par la crise sanitaire.

Avec la suspension du trafic aérien liée au Covid-19, les avions se sont faits rares au-dessus des têtes des Val-d’Oisiens.

Par Marie Persidat

« Aujourd’hui, j’ai entendu pour la première fois les poules d’une maison plus loin dans ma rue. » Il est « formidable de pouvoir respirer profondément sans tousser et de sentir les bonnes odeurs des fleurs du printemps. Je n’ai jamais connu Deuil-la-Barre ainsi, dans plus de vingt ans de vie ici ! »

Ces témoignages sont de Joëlle et Janet. Alors que la crise du Covid-19 a réduit le trafic aérien à peau de chagrin, l’association ADVOCNAR, mobilisée contre les nuisances aériennes, a décidé de recueillir les récits de vie de tous ceux qui vivent habituellement avec le bruit des vols. L’opération « des oiseaux pas d’avions » invite ainsi chaque citoyen à décrire « son calme retrouvé » et aussi faire part de ses attentes « pour un monde d’après ». Car les militants ne sont pas dupes, cet Eden (presque) silencieux n’aura qu’un temps.

« On redécouvre une qualité de vie »

« Cette action suscite déjà beaucoup de retours », se félicite Audrey Boehly, du collectif Non au T4, qui lutte conte le projet de nouveau terminal à Roissy et qui est notamment à l’origine de cet appel.

« Nous voyons bien qu’actuellement, les populations locales revivent. On redécouvre une qualité de vie et cela change tout. Il y a beaucoup d’habitants qui découvrent même ce qu’est le quotidien sans avion. Les gens nous disent : j’ai retrouvé le sommeil, je suis plus en forme. Nous vivons actuellement une parenthèse qui permet de se rendre compte de ce qui est possible. »

L’ADVOCNAR avait déjà lancé la même opération une première fois en 2010 « au moment de l’éruption du volcan islandais », rappelle sa présidente Françoise Brochot. À l’époque, les gaz volcaniques et les cendres qui s’échappaient du cratère d’Eyjafjöll avaient fortement perturbé le trafic aérien international.

Un trafic dix fois moins dense

Cette fois, c’est le Covid-19 qui offre un répit aux Val-d’Oisiens même si tous ne peuvent en profiter de la même manière. « Les personnes habitant sous le doublet nord ont encore des avions », souligne Françoise Brochot. L’aéroport Charles-de-Gaulle n’a en effet fermé que deux pistes sur quatre, celles du doublet sud.

Sur la voie Charlie, sont stationnés de nombreux avions cloués au sol durant le confinement. LP/Ma.P.  

La plate-forme continuait d’accueillir 150 à 200 mouvements par jour durant le confinement. Le trafic devrait désormais recommencer timidement à augmenter. Mais on reste tout de même à mille lieues de la situation habituelle avec ses 1 300 avions quotidiens.

Un mouvement sur les réseaux sociaux

« Quel plaisir de retrouver le calme de 1977 quand nous avons acheté la maison ! », témoigne ainsi Claude, de Cormeilles-en-Parisis. « La piste sud n’était pas en service. On entend tous les bruits de la nature, les chants d’oiseaux, le vent dans les arbres… On peut dormir enfin toute la nuit ! »

Sur Twitter, des internautes s’extasient sur les merveilles de leurs jardins et diffusent des enregistrements de pépiements de jeunes mésanges, avec le hashtag #DesOiseauxPasDAvions #MondeDaprès.

Un appel à repenser le trafic aérien

Pour les associations, la mention du « monde d’après » est importante, car c’est bien de lutte qu’il s’agit. « Beaucoup de citoyens pensent que les nuisances aériennes sont une fatalité, regrette Audrey Boehly. Vivre un monde sans avion comme actuellement, cela redonne de l’espoir et montre que cela vaut le coup de se battre. Nous espérons qu’ainsi la mobilisation soit plus forte. »

Récemment, l’Union française contre les nuisances des aéronefs a signé un appel afin de « repenser le trafic aérien après la pandémie. » L’ADVOCNAR fait partie de ce mouvement. « Nous demandons que le transport aérien, activité polluante reposant sur l’utilisation massive d’énergie fossile et fulgurant vecteur de transmission des pandémies, prenne le virage indispensable pour sauvegarder le bien commun », écrit l’association, réclamant « une action de bon sens : que le trafic aérien soit repensé pour ne pas nuire à notre santé ni à celle du vivant dans son ensemble ».

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