22.06.2020 – Le Parisien

Certaines espèrent que la crise sanitaire servira d’électrochoc. Vingt-six associations ont d’ailleurs envoyé une lettre au président de la République pour lui demander l’abandon du terminal 4 de Roissy.

Les association de défense de l’environnement et de lutte contre les nuisances aériennes défendent l’idée de repenser le trafic.

Par Marie Persidat

Le coronavirus servira-t-il de déclic pour enclencher une grande révolution des transports aériens? C’est en tout cas ce qu’espèrent de nombreuses associations. Alors que les vols reprennent légèrement à Roissy-Charles-de-Gaulle, vingt-six associations viennent d’envoyer une lettre au président Macron pour lui demander l’abandon du projet de terminal T4.

« Dans le domaine du transport aérien […] si on veut atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050, il n’est plus concevable que ce secteur reprenne la croissance des décennies passées », écrivent les militants de l’ADVOCNAR, des Amis de la terre ou encore de la Dirap, du Cirena (collectif interassociatif du refus des nuisances aériennes) ou de Val-d’Oise environnement.

Aller vers le progrès écologique

Les auteurs du texte demandent ainsi « solennellement » à Emmanuel Macron « pour le respect envers les générations futures qui n’ont pas demandé à hériter d’une planète invivable, de renoncer à tout investissement qui permettrait d’accroître le trafic aérien, notamment les 9 milliards d’euros que le groupe ADP envisage d’engager pour financer une éventuelle aérogare T4 à Roissy Charles de Gaulle. »

Et les associatifs ne sont pas les seuls à penser que la future construction d’un nouveau terminal à Roissy va à l’encontre du progrès écologique. Le sujet figure aussi dans la liste de mesures remise vendredi dernier par la convention citoyenne pour le climat.

Le T4, « l’un des projets les plus climaticides »

L’un des objectifs déterminés par les 150 citoyens, appelés à formuler des propositions pour lutter contre le réchauffement climatique, consiste en effet à limiter les « effets néfastes » du transport aérien. Il faudrait, pour cela, « interdire la construction de nouveaux aéroports et l’extension des aéroports existants », affirme la convention. Or, de la quinzaine d’agrandissements aéroportuaires actuellement prévus en France, le plus important en taille est celui du T4.

« C’est l’un des projets actuels les plus climaticides », estime Françoise Brochot la présidente de l’ADVOCNAR. « Ces propositions vont dans le bon sens, nous espérons que le gouvernement va en retirer quelque chose. » Aujourd’hui l’association espère que l’expérience de l’épidémie va agir comme un électrochoc et fasse prendre un virage qui non seulement auraient un effet à long terme pour la planète mais qui soulagerait aussi très rapidement les populations vivant autour de l’aéroport.

Les débats relancés sur les vols de nuit et pollution

Car déjà, les nuisances sont de retour. « Ça y est, depuis la semaine dernière, nous voyons bien que les vols recommencent. Et impactent un large territoire car nous pensons que le doublet sud a été rouvert (NDLR : la moitié des pistes d’atterrissage de Roissy avaient été fermées durant le confinement). »

Une réalité qui ravive les combats menés depuis des années par l’ADVOCNAR ainsi que bien d’autres organismes, notamment celui qui concerne l’interdiction des vols de nuit. Une limite avait été imposée entre minuit et 5 heures du matin. « Mais depuis quelques années, les vols de nuit se sont à nouveau multipliés de façon très importante », regrette Françoise Brochot. Et pour cause, les atterrissages durant ces créneaux horaires, s’ils ne sont pas vraiment autorisés, ne sont pas sanctionnés. Les compagnies ne s’en privent donc pas.

 « Nous demandons un couvre-feu à Roissy de 22 heures à 6 heures du matin pour que les riverains puissent avoir une véritable nuit de sommeil, comme le recommande l’Organisation mondiale de la santé. » L’ADVOCNAR se bat également contre la pollution atmosphérique. Mais pour que celle-ci baisse à l’avenir, encore faudrait-il qu’elle fasse réellement l’objet de mesures. Car à l’heure actuelle, seule la pollution des avions au sol est prise en compte. Lorsqu’un appareil atteint une altitude de 915 mètres, ses émissions ne sont plus comptabilisées.

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