17.04.2020 – Le Parisien 95
L’enquête concernant le projet de nouveau terminal, à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, était prévue en juin et juillet. La crise sanitaire étant loin d’être terminée, 34 associations interpellent le préfet de région.
Avec le futur terminal T4, l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle verrait sa capacité passer de 1300 à 1800 mouvements d’avions par jour en moyenne. LE PARISIEN
Par Marie Persidat
C’est sous un ciel en grande partie vidé de ses avions que les Franciliens vivent leur confinement. On en oublierait presque que dans un peu plus d’un mois devrait s’ouvrir la grande enquête publique concernant le projet de création du terminal T4 à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle. Cette date annoncée du mois de juin, de nombreuses associations l’ont cependant bien gardée en tête. Elles sont 34 à signer un courrier adressé au préfet d’Ile-de-France afin de demander un report de l’enquête.
En début d’année, ces militants citoyens avaient déjà interpellé les autorités, estimant que l’été était peu propice au débat et qu’il valait mieux attendre septembre, sans résultat.
Après la crise sanitaire… et les municipales ?
« La situation actuelle et l’instauration de l’état d’urgence sanitaire nous conduisent à réitérer avec d’autant plus d’insistance notre demande de report », écrivent les associations. L’ADVOCNAR (association de défense du Val-d’Oise contre les nuisances aériennes), le collectif Non au T4, France nature environnement, le CADEB (collectif d’Associations pour la Défense de l’Environnement dans les Boucles de Seine/Saint-Germain-en-Laye) et bien d’autres estiment que ce débat ne pourra avoir lieu « qu’une fois que les conditions de démocratie locale seront pleinement rétablies, c’est-à-dire après les élections municipales et la fin de l’état d’urgence sanitaire. »
Cette missive, comme le souligne la présidente de l’ADVOCNAR, est avant tout « préventive ». À la fin du mois de mars dernier en effet, la ministre de la Transition écologique, Élisabeth Borne, a annoncé la suspension des enquêtes publiques.
Un projet « d’intérêt national » ?
Mais l’ordonnance du 25 mars, qui définit l’adaptation des procédures administratives pendant la période d’urgence sanitaire, prévoit cependant des dérogations possibles, sous conditions, pour des projets « d’intérêt national ». L’utilisation de la voie électronique et la dématérialisation de la procédure peuvent alors être envisagées pour que la consultation se tienne quand même, prévoit le texte.
Le projet de T4, qui permettrait à Roissy-Charles-de-Gaulle d’accueillir 40 millions de voyageurs en plus par an à l’horizon 2037, fait-il partie de ces exceptions ? La question n’a pour le moment pas été tranchée par les autorités, d’où l’inquiétude des associations qui préfèrent envoyer un message en amont.
« On sait qu’ADP a déjà beaucoup investi dans ce projet, on arrive au stade ultime, celui de l’enquête publique, il pourrait être tentant pour eux de ne pas vouloir reporter, craint Françoise Brochot. Nous, nous demandons une enquête publique correcte, qui se déroule à un moment où les citoyens peuvent véritablement participer. Aujourd’hui et dans un futur proche, il n’est pas permis d’organiser des réunions publiques par exemple. »
Les 34 associations avancent ainsi deux arguments pour justifier leur demande de report. « Lancer cette enquête publique par voie électronique et dans ce contexte de crise serait un nouvel obstacle majeur à l’expression de plus d’un million de citoyens impactés par ce projet de grande ampleur, alors même qu’ils ont déjà été privés d’un débat public », écrivent les militants.
Ils soulignent également que « l’impact actuel et à venir de cette crise majeure sur le trafic aérien fait qu’il est d’autant moins défendable de revendiquer l’urgence de ce projet d’agrandissement de la capacité de l’aéroport de Roissy. »
Chez ADP, le dossier est encore en cours de discussion.