Dans le cadre d’un projet d’expérimentation de vols d’aéronefs électriques sur le territoire parisien et régional, le Groupe Aéroport de Paris (ADP) envisage l’aménagement et l’expérimentation d’un Vertiport (plateforme de décollage et d’atterrissage) sur la Seine à Paris, quai d’Austerlitz.
Ce Vertiport accueillerait de mai à décembre 2024, et en particulier pendant les Jeux Olympiques, des e-VTOL (aéronefs électriques à décollage et atterrissage verticaux) transportant un binôme pilote – passager privilégié : ce dernier pourra s’exonérer des embouteillages parisiens moyennant la somme de 110 euros par course.
Ne nous y trompons pas, cette expérimentation qui a pour but de tester « l’acceptabilité » sur les populations survolées de cette nouvelle mobilité urbaine aérienne en zone très dense va ensuite perdurer et se développer si nous n’agissons pas : en effet l’objectif suivant consiste à relier plusieurs aéroports franciliens directement avec le centre de Paris. Des enjeux économiques forts sont clairement affichés.
URGENT !
PARTICIPEZ À L’ENQUÊTE PUBLIQUE JUSQU’AU 8 DÉCEMBRE
EN DÉPOSANT VOTRE AVIS SUR LE REGISTRE NUMÉRIQUE D’ENQUÊTE
Détails du projet
Le Vertiport est une plateforme de 740 m² fixée au quai du Port d’Austerlitz par 2 poteaux d’accostage |
Le modèle VoloCity de la société Volocopter qui est pressenti pour l’expérimentation a une longueur hors tout de 12 mètres, une masse totale autorisée en charge d’une tonne et se déplace à une altitude d’environ 150 mètres. Propulsé par 18 moteurs électriques, il peut transporter uniquement un pilote et un passager. |
Lors des essais du Volocopter à l’aérodrome de Cormeilles-Pontoise, le bruit mesuré était de 80 dB à 50 mètres d’altitude, on est très loin d’un aéronef silencieux ! |
Les taxis volants utiliseront des routes aériennes existantes, réservées jusqu’ici aux hélicoptères pour les vols d’urgence, le long de la Seine (entre le quai d’Austerlitz et la porte de Bercy) puis le long du boulevard périphérique parisien pour rejoindre l’héliport d’Issy-les-Moulineaux (92). |
Le nombre d’allers-retours par heure serait de 3 maximum sur une plage horaire de 10h par jour (8h à 18h), soit jusqu’à 6 survols, 6 décollages, 6 atterrissages par heure et 60 survols, 60 décollages et 60 atterrissages par jour. Le nombre prévisionnel de mouvements (décollage ou atterrissage) est estimé à 5 000 sur la durée de l’expérimentation. Il pourrait être au maximum de 14 700 sur la durée de l’expérimentation, le trafic serait multiplié par 4,5 sur l’itinéraire Issy-les-Moulineaux/Hôpital Pitié-Salpêtrière et multiplié par 100 au-dessus de la Seine. |
Consulter le dossier d’enquête publique |
Notre avis :
- Cette expérimentation est la porte ouverte au développement des taxis volants en Ile-de-France, au profit de personnes aisées et au détriment des populations survolées.
- Du point de vue de la pollution sonore et de son impact sur la santé des populations, l’autorité environnementale qui a été saisie sur ce dossier indique que ce projet « sera une source de nuisances sonores supplémentaires pour les populations situées à proximité de la Seine et du périphérique, déjà exposées à des nuisances majeures ».
La pollution sonore est une source de stress qui entraîne une hypertension artérielle et d’autres maladies cardiovasculaires pouvant aller jusqu’à l’infarctus. Ces effets sont bien documentés pour le bruit aérien. Les taxis volants auront le même impact sanitaire désastreux que les autres aéronefs. C’est également une atteinte au droit européen : la directive 2002/49/CE sur le bruit dans l’environnement enjoint les états membres de réduire le bruit dans les espaces urbains, à proximité des routes principale et des aéroports notamment. Les survols par les taxis volants et autres drones viendront limiter les impacts des plans d’action contre le bruit (PPBE) déjà en place. Le bruit ambiant de la zone testée est compris entre Lden 61 dB et Lden 64 dB. Ces niveaux dépassent déjà les niveaux acceptables. L’organisation mondiale pour la santé requiert des niveaux de bruit aérien n’excédant pas 45 dB Lden et 40 dB Lnight. L’introduction de nouvelles sources de bruit dans cette zone est incompatible avec le respect de la directive.
- Une pollution visuelle sera imposée aux habitants survolés ou dont l’horizon sera affecté par les taxis volants.
- Le projet déroge à l’interdiction de survol de Paris à moins de 2 000 mètres d’altitude alors que les taxis volants faisant l’objet de l’expérimentation ne seront pas des vols d’urgence.
- Il existe un risque potentiellement élevé pour la sécurité des personnes et des biens, mal évalué dans l’étude d’impact : risques d’atterrissage forcé, défaillance du pilote, défaillance matérielle … les modalités de maîtrise de ces risques ne sont pas indiquées.
- La consommation énergétique de ces e-VTOL serait 30 fois plus importante que celle d’un métro (180 g CO2e/km contre 4 g CO2e/passager.km)
- Le projet n’apporte pas de bénéfices pour la collectivité : l’impact écologique d’un mode de transport qui ne concernerait qu’une très faible proportion de la population, et surtout les plus privilégiés, ne parait pas favorable.
Le transport sanitaire par les aéronefs proposés n’est pas crédible : sa capacité étant limitée à 2 personnes, il ne pourra pas accueillir une équipe médicale et son matériel sanitaire.
- Le projet porte atteinte aux droits fondamentaux des citoyens :
Droits civils : atteinte aux droits de propriété en créant des servitudes supplémentaires pour le survol (notamment à basse altitude – 150 mètres d’altitude en croisière, c’est extrêmement bas).
Atteinte aux libertés fondamentales : « Chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé ».
- La Seine est un réservoir et un corridor de biodiversité d’importance régionale qui doit être préservé et renforcé. En implantant une barge dans le cours du fleuve et en développant un nouveau trafic aérien au-dessus de la Seine, le projet met à mal la préservation de la biodiversité, perturbant la circulation des oiseaux et le milieu aquatiques. L’étude d’impact est insuffisante sur ce sujet également.