Taxis volants à Paris : Non merci !
Nous demandons au gouvernement de stopper ce non-sens
Lettre ouverte
Monsieur le Ministre des Transports,
Monsieur le Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires,
Madame la Ministre de la Culture,
Monsieur le Préfet d’Île-de-France,
Monsieur le Préfet de Paris,
Malgré un rejet public général dont celui des collectivités, malgré un avis défavorable du commissaire enquêteur suite à l’enquête publique, malgré un avis défavorable de l’autorité environnementale et malgré l’absence de certification, le groupe Aéroports de Paris – ADP a décidé de passer en force et que nous aurions des taxis volants au-dessus de nos têtes pendant les Jeux Olympiques et Paralympiques. Il ne s’agit plus d’un mauvais rêve délirant et futuriste, mais d’un passage en force porté par des intérêts qui n’ont rien de général. Le vertiport du quai d’Austerlitz est en cours d’installation par ADP, sans doute avec un accord de principe du gouvernement.
Alors que les capacités de financement restent problématiques et largement dépendantes d’investissements publics, différents financeurs dont la RATP, se retirant au fur et à mesure, la région île de France continue, elle, à subventionner le projet.
Nous sommes nombreux à avoir cru, au vu des nuisances, que la raison l’emporterait. Et c’est précisément ce que nous vous demandons par cette lettre collective, œuvre d’une mobilisation associative, scientifique et citoyenne, forte d’une pétition Non aux Taxis volants de plus de 15 000 signataires montée en urgence au moment de l’annonce de la consultation parisienne.
Car nous constatons que ce projet de transport individuel pour privilégiés avec son cortège de nuisances reste plus que jamais à l’ordre du jour pour Paris et toute la région Ile de France.
Ces appareils bruyants, ne transportant qu’un pilote et son unique passager, sont prévus pour décoller à partir d’hélistations ou héliports. A Paris, ce sera une plate-forme flottante installée sur la Seine pour l’occasion. La pérennité de l’usage des taxis volants est inscrite dans le dossier. L’enquête publique ne concernait qu’une partie de l’expérimentation qui va bien au-delà de Paris, avec l’aéroport Charles de Gaulle, le Bourget, Saint-Cyr l’école ou encore Issy-les-Moulineaux et leurs centaines de milliers de riverains qui subiront l’incessant manège des taxis volants. Nous ne voulons pas du risque supplémentaire que ces engins représentent lors d’un événement planétaire comme les Jeux Olympiques et Paralympiques. Ces vols au-dessus de nos têtes, une première mondiale, nous font courir le risque d’un crash au cœur d’une capitale extrêmement dense en population, notamment pour ce qui est de la plateforme de décollage située à deux pas de la Gare d’Austerlitz et de la Gare de Lyon.
Nous savons bien que cette expérimentation n’est qu’un premier pas vers un usage pérenne, comme mentionné dans l’enquête publique. Dans cette hypothèse, un tel mode de transport serait source de nuisance pour les personnes qui vivent à proximité des couloirs de vols et du vertiport d’Austerlitz : l’e-VTOL volerait à 150 mètres d’altitude et constituerait une gène sonore importante, de l’ordre de 70 dB, et plus de 80 dB au décollage et à l’atterrissage, c’est-à-dire des niveaux largement suffisants pour produire des effets délétères sur la santé humaine. Ce mode de transport est en outre toxique pour le climat : consommant 12 fois plus d’énergie qu’une voiture électrique, il émet ainsi à l’utilisation l’équivalent d’une voiture thermique, ce sans compter l’impact de sa construction et de son démantèlement, sur lequel le constructeur reste muet.
Pour ce qui est du projet de survol de Paris, depuis 1948, la ville et ses habitants sont protégés par une réglementation interdisant le survol à moins de 2.000 mètres d’altitude sauf dérogations spécifiques. Aujourd’hui, ces dérogations concernent les services de missions médicales d’urgence qui desservent les hôpitaux et ceux de la sécurité civile et nous ne les remettons pas en cause, ni le recours à une énergie électrique. Néanmoins, permettre le survol de Paris par des Taxis-Volants à 150 mètres d’altitude pour le transport de personnes souhaitant éviter les transports en commun ou les embouteillages constitue une régression sociale, environnementale et sécuritaire. Le droit en vigueur protège notre société et nous ne voulons pas que des dérogations aussi illégitimes la fragilisent.
Nous pensons que l’avenir de notre ville ne doit pas être celui d’essaims de gadgets volants et bruyants venant parasiter notre patrimoine architectural tout comme notre art de vivre.
Le Conseil Municipal de Paris s’est positionné contre ce projet, tout comme l’ont fait 87,1 % des participants à l’enquête publique et, depuis peu, la commission d’enquête elle-même ! Ces taxis volants n’apporteront aucun bénéfice au transport en commun des Franciliens mais accentueront les risques sécuritaires et les pollutions auxquels ils sont soumis ainsi que les difficultés de financement de leurs mobilités.
Monsieur le Ministre des Transports, Madame la Ministre de la Culture en charge du Patrimoine, Monsieur le Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Messieurs les Préfets, nous vous demandons d’entendre le souhait démocratiquement exprimé de renoncer au projet d’expérimenter les Taxis-Volants à Paris et en Ile-de-France et vous prions de bien vouloir agréer notre profonde considération.
Les membres du collectif des Taxis-Volants, non merci !
Associations signataires :
- UFCNA (Union Française Contre les Nuisances des Aéronefs)
- ADERA (Association de Défense de l’Environnement des Riverains de l’aéroport de Beauvais-Tillé)
- ADVOCNAR (Association de Défense contre les Nuisances Aériennes)
- ATTAC France (Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne)
- SOS Paris
- Greenpeace Paris
- Les Amis de la Terre Paris
- Collectif Austerlitz
- ADA 13
- InCOPruptibles
- France Nature Environnement Ile De France (FNE IDF)
- FNE Paris
- FNE Val de Marne
- Environnement 93
- Environnement 92
- Chaville Environnement
SIGNEZ LA PÉTITION
« Non aux taxis volants énergivores et bruyants, non à l’expérimentation d’ADP ! »