Effets de l’aviation sur la santé des populations à proximité des aéroports
Une étude réalisée par CE Deft, commandée par Transport & Environnement – T&E
25 juin 2024
Résumé
Les émissions de l’aviation sont un problème climatique et ont également un impact sérieux sur la qualité de l’air. Pourtant, cette question n’a pas fait l’objet d’une grande attention de la part des régulateurs ou de l’industrie aéronautique.
La combustion du kérosène libère des particules de différentes tailles, notamment des particules ultrafines (PUF), de minuscules particules d’un diamètre inférieur à 100 nanomètres, soit environ 1 000 fois plus petites qu’un cheveu humain. Bien qu’il soit de plus en plus évident que l’exposition aux PUF peut contribuer aux symptômes respiratoires, à la variabilité du rythme cardiaque, aux problèmes de tension artérielle et avoir des effets à long terme sur la mortalité , ce polluant reste largement sous-étudié et n’est pas réglementé. La nouvelle étude de Transport & Environment explore le lien entre les PUF et la santé des personnes vivant à proximité des aéroports.
L’étude fournit une première estimation des effets sur la santé causés par les PUF liées à l’aviation en Europe, en résumant les preuves scientifiques disponibles et en extrapolant les données de la zone de l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol aux principaux aéroports européens. L’analyse estime qu’un total de 280 000 cas d’hypertension artérielle, 330 000 cas de diabète et 18 000 cas de démence peuvent être liés aux émissions de PUF parmi les 51,5 millions de personnes vivant autour des 32 aéroports les plus fréquentés d’Europe.
L’étude évalue également la corrélation entre la qualité du kérosène, les émissions de PUF et l’impact sur la santé. La quantité de PUF émise par les vols dépend fortement de la composition du carburant d’aviation. L’étude estime que l’utilisation d’un carburéacteur 100 % hydrotraité à très faible teneur en soufre et en aromatiques, qui peut réduire jusqu’à 70 % du nombre d’émissions de PUF, réduirait également de 70 % les effets sur la santé qui y sont associés.
Pour réduire les émissions de PUF de l’aviation, et donc améliorer la qualité de l’air et atténuer les effets néfastes sur la santé, T&E recommande les mesures suivantes :
- S’attaquer à l’augmentation exponentielle du trafic aérien et de la pollution atmosphérique en interdisant toute nouvelle expansion des infrastructures aéroportuaires, en introduisant des plafonnements en nombre de vols, en encourageant le passage au rail, en réduisant les voyages d’affaires et en taxant de manière ciblée le secteur de l’aviation.
- Installer des points d’échantillonnage dans et autour des aéroports des États membres afin de mieux quantifier les niveaux de concentration de PUF en vue d’introduire des valeurs cibles pour les concentrations de PUF lors de la prochaine révision de la directive sur la qualité de l’air ambiant.
- Créer une norme européenne pour les carburants pour avions avec une réduction progressive des aromatiques et de la teneur en soufre, ce qui préparera l’écosystème à des carburants sans aromatiques et sans soufre.